"Aux Champs" ou la misérable chronique agricole
Voilà, tout le monde connaît l'adage qui nous vient du pays des philosophes, j'ai cité : les grecs. Et oui, la Grèce est avant tout la patrie de la philosophie. Donc l'adage c'est gnautis éauton, autrement dit :
"Connais toi toi-même"
Or aujourd'hui, j'ai fait une découverte insoupçonnée concernant ma personne : je ne suis pas faite pour le jardinage. Il s'agit pour moi d'une activité totalement contre nature et j'en ai fait la cruelle expérience cette après midi.
Voici la chose en un mot :
Remontons la grande horloge du temps et de ses irréparables outrages, de quelques semaines :Ma copine M, celle là même pour qui j'ai dû réaliser la fameuse pièce montée, me propose de l'aider à cultiver son jardin et ainsi unir nos forces, nos compétences et nos futures récoltes. Nous en rions d'avance, l'enthousiasme est à son comble. Nous en sommes même allégoriques. Ah la terre nourricière, ah le grand air, ah les bons légumes récoltés, les gerbes de fleurs à foison...
Mais les semaines passent et voilà que sonne l'heure fatidique de la plantation des patates.
Je vais donc rejoindre M, sachant qu'elle a déjà pratiquement fait tout le boulot.
Elle m'a d'abord fait passer la tondeuse, jusque là, tout va bien, à part qu'elle m'avait recommandé de ne pas tondre les fraises des bois, or j'ai légèrement mangé la consigne, ces dernières se confondant avec les paquerettes et puis moi quand j'ai une tondeuse, je tonds, je prends aussitôt un air obtus et je tonds sans m'arrêter et sans tenir compte de la délicatesse de la fraise des bois qui tente de poindre, non je tonds. Ensuite elle m'a montré une étendue gigantesque en m'expliquant qu'il fallait passer le motoculteur. Mais un machin qu'on pousse et qui a des hélices qui font vrrt vrrt vrrt (en plus fort vu qu'on n'entend plus rien quand on le passe). Pas un truc sur lequel on monte, non un machin qu'on pousse et qui en profite pour s'enfoncer dans la terre et qui devient impossible à manipuler. Au bout de 10 minutes de motoculteur j'avais la main gauche qui parkinsonnait sévèrement, une insolation, j'étais rouge comme une tomate et j'avais les épaules en compote. J'ai bien vu à ce moment là qu'elle commençait à prendre le ton mesuré adapté aux handicapés, aux miséreux, aux simples d'esprit et aux lépreux, enfin tous les diminués quoi. Elle a repris le motoculteur et elle m'a montré comment on faisait des tranchées pour les patates avec une espèce de bèche qui rebiquait. Quand je la regardais faire, ça avait l'air tout naturel mais dès que j'ai pris la bèche, je l'ai trouvée très lourde et j'avançais très lentement.
Exactement comme quand je faisais les vendanges, j'allais moins vite que les autres dans le rang mais heureusement, il y avait un gars du doubs qu'on appelait jésus quoiqu'il n'eut pas l'accent araméen mais pontarliégeois,
enfin il était moustachu, barbu les cheveux longs et la raie au milieu
Oups, c'est pas tout à fait celui là, hum hum, cherchons mieux
ah voilà le jésus ou à peu près
Bref, jésus venait finir mon rang tout en en profitant pour me lutiner un peu, ce que je concédais sans faire ma mijaurée parce qu'il faut bien reconnaître que le jésus, il en abattait du boulot. Bon là, pas de jésus mais M prenait de plus en plus le ton spécial dialogue avec les handicapées surtout quand elle m'a vu m'allonger par terre en poussant des grands râles d'agonie alors que j'avais creusé 1m50 de tranchées.
A suivre
Guiguite bucolique