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..:: chroniques de guiguite ::..
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15 août 2008

guiguite à la colo (suite) : J'arrête quand je veux!

Pour des raisons techniques, cette chronique ne pourra pas être illustrée parce que c'est bientôt 18h et il faut que j'y retourne très bientôt.

eh oui me revoilà, j'ai survécu contre toute attente!!!

Donc les autres gamins sont arrivés depuis le 1er Août, ils ne sont pas 56 mais 40.
Oh oh la belle affaire alors donc!
Certes, mais il s'agit de 40 gosses de l'ASE.

Koi tèce que l'ASE ?, prendrez vous un air bovin à mon attention afin que j'éclaire votre cerveau embrumé par une vie confortable dont les seules émotions sont les amours de Horst Tappert.

Ben l'ASE, c'est l'aide sociale à l'enfance. Donc je suis entourée de 40 gamins martyrisés, en gros, pour faire simple.

Donc cuisiner pour 40 Cosettes mâles et femelles, finalement ce n'est pas grand chose, simplement, il faut gérer tous les à côtés, à commencer par le manque de personnel, soit une animatrice et un commis de cuisine qui ne sont pas venus malgré le pont d'or qui leur était offert.

Mais bon, ce n'est pas grave puisque nous travaillons tous environ 18h par jour. En ce qui me concerne, je dois les nourrir mais aussi faire les courses, et comme j'ai apporté un piano, je suis également animatrice chansons.

Heureusement, le maître est bon et il nous paye grassement, au moins un équivalent de smic chinois. Comme nous n'avons pas le temps de regarder les jeux, ça nous donne l'impression d'être solidaire de ce peuple qui a beaucoup souffert.

Le Maître m'a aussi  prêté son automobile de luxe pour aller à Métro faire le ravitaillement. Une fois de plus, me revoilà solidaire du peuple russe, en hommage à Soljenitsine cette fois. En effet  Métro ressemble au goulag de façon frappante. Il y fait environ -8 et il faut pousser un chariot énorme dans des allées étroites, les mines de Sibérie en quelque sorte.

J'en ai profité pour rapporter une bouteille de cognac mais ainsi que le rappelle le titre de cette chronique austère car non illustrée, j'arrête quand j'veux d'abord (et je me suis remise à fumer dès le 1er jour mais là aussi j'arrête quand j'veux).

L'automobile du Maître est un modèle de luxe dont j'ignore tout et qui possède 6 vitesses, je ne savais pas que ça existait alors je me suis contentée de 4 vitesses, comme sur ma carette. Enfin 2 plus exactement, la 3ème pour démarrer et la 4ème quand ça accélère.

Si j'exclue les diverses tentatives de suicide, les cris permanents, les insultes, les crises d'épilepsie et menaces au couteau, il ne s'est pas passé grand chose qui justifie que je puisse avoir un traumatiss....

Il faut dire que je commence à me blinder très très sérieusement, histoire de ne pas perdre tout à fait la raison.

Enfin j'ai recruté une petite armée en cuisine, Salimatou, Francène, Tricia et Laura qui revêtent promptement une charlotte, une sorte de foulard en tulle qui nous donnent instantanément accès à la caste supérieure, celle qui autorise l'accès à la cuisine et la lingerie ; eh oui, les enfants viennent tout naturellement me trouver pour le linge, ce qui me contrarie fort, surtout quand j'essaie péniblement d'assurer les services à l'heure, soit 19h pour les petits et 19h30 pour les moyens/grands.

Donc, nous faisons de notre mieux, il faut juste que je surveille Francène car elle vole des oignons qu'elle mange crus sous prétexte que ça se fait dans son pays d'origine, le Bénin.

Après nous portons tous nos petits plats à table et là, tous ces jeunes, sans rien savoir de Wagner et de ses incontournables leit motiv, me répètent sans cesse le leit de la mère nourricière (probablement gretchen dans l'or de Bobigny) soit :
- "madame madame t'as pas du ketchup, s'il te plaît"
Le second leit correspond sans doute au personnage de Marthe, soit la mère maquerelle si Wagner avait adapté Faust, je suis bien certaine qu'il n'aurait eu de cesse de lui faire dire à l'envi :
-"madame madame, t'as pas de la mayonnaise s'il te plaît"
Il semblerait qu'il s'agisse de thèmes universels autant que récurrents car, hélas, n'ai-je pas déjà entendu cette litanie, ce misérable refrain, de la bouche de mon propre fils, la chair de ma chair!
Donc j'évite maintenant dans la cuisine tout ce qui n'est pas jaune ou blanc, voire pané.
Enfin comme dirait l'autre (Verlaine je crois) :
Oh je souffre je souffre, et le premier cri du premier homme chassé d'Eden n'est qu'une églogue au prix du mien.
Voilà voilà.

Il faut que je retourne promptement à l'office sinon il ne va pas y avoir assez à manger et je vais être obligée de m'enfermer dans la cuisine et leur jeter des paquets de chips par la fenêtre à peine entrouverte (pour éviter les jets de pierres), comme le premier jour où j'avais respecté les grammages recommandés par je ne sais quels dététiciens, ces nuisibles qui rédigent des normes à la con, tranquillement installés derrière leur bureau.

Guiguite cordon bleu et surtout frites et nuggets (en grande quantité).

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Commentaires
L
y-a-t-il un monsieur Madeleine pour consoler les petites Cosette ? celui de Marcel Gotlib est bien sympathique au demeurant<br /> plus d 15 août au BdO le jour du 15 août aussi tu as bien fait de travailler ce jour-là tes 18 heures<br /> peut-être le maître de récompensera-t-il en t'offrant une belle médaille. c'est la mode en ce moment<br /> <br /> allez tu peux le faire
N
Bon, je ne veux pas te faire la leçon, mais sache que si tu avais fréquenté Métro avant ce douloureux épisode de ta vie (mais au demeurant tellement formateur), tu saurais que tu peux demander à l'entrée de magnifiques pelisses jaunes fluo permettant d'affronter les -8 degrés des allées charcuterie poissonnerie et crèmerie.
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